This Place Called Home
Une exposition de Matt Wilson
Vernissage le 18 janvier 2023 à 19 h 00
Leica Store Paris Saint-Honoré
A l’instar des carnets de voyages de Bruce Chatwin dont les écrits ont livré une vision incroyablement sensible et humaniste d’une Australie aujourd’hui à jamais perdue, l’errance photographique de Matt Wilson, autre globe-trotter anglo-saxon, produit d’ineffables images des différents pays qu’il parcourt selon humeur et rencontres. Peu nombreuses, mais si particulières, ces photographies modestes, presque anodines par leur sujet, sont données à voir, à l’encontre des tendances de la photographie contemporaine, dans de si petites dimensions qu’elles obligent à l’arrêt pour en scruter les détails.
Elles semblent souvent quelque peu endommagées, comme corrodées, du fait des pellicules hors d’usage que l’artiste utilise. Le résultat visuel est opalescent : le grain très présent et la lumière décadente provoquent des zones d’ombres intimistes dans les scènes nocturnes ou offrent un rendu charbonneux et embrumé dans les paysages diurnes. Cette technique de prise de vue « aléatoire » intégrant l’accidentel du film à la vision photographique fonde le singulier langage de Matt Wilson. Cela finit par troubler la vue et provoquer une bascule poétique. Au fur et à mesure, cette trame visuelle structure l’ensemble en une écriture incidemment narrative, révélant des contrées fictionnelles à la limite du rêve éveillé.
Les scènes capturées par Matt Wilson se placent en dehors d’une époque précise. Parfois elles évoquent un paysage breughélien ou une description romantique telles seraient celles issues d’une page de littérature anglaise du XIXème. Autant de situations quasiment irréelles qui ne sont pas sans rappeler l’atmosphère des films américains des années soixante. A l’évidence, Matt Wilson ne souhaite pas tant rendre compte de la réalité que d’un instant tel qu’il l’a rêvé ou ressenti, plutôt que vu ou traversé. Une sorte d’inframince photographique surgit ainsi d’un infime espace-temps.
Il a photographié, d’abord un peu partout en Europe, à commencer par son pays natal, l’Angleterre, mais aussi en France, pays avec lequel il a ses affinités, sans omettre les pays de l’Est où il retourne fréquemment entre deux séjours à Cuba. Plus récemment, il a fini par désirer parcourir un vaste continent : les états- Unis où il habite depuis une dizaine d’années.
Il aurait pu craindre de toucher à ce territoire-là, tant les photographes américains s’en sont magnifiquement chargés, mais là encore, son étonnante vision délivre des instantanés de paysages et d’hommes brûlés par un soleil brutal qui finit malgré tout, par se coucher sur cette rude contrée. La lumière est si blanche ou, au contraire, si ténue que la perception aquarelliste de ces scènes impressionnées en deçà des capacités chromatiques du medium photographique est trompeuse. Nous pourrions qualifier ce travail de « métaphore picturale » et même de dérive pictorialiste si les personnages n’étaient pas si ancrés dans leur époque et dans leur quotidien.
Car si Matt Wilson livre ce qu’il voit selon un prisme poétique, il rend compte de la société contemporaine à travers des sujets souvent crus, parfois même indigents, traités toutefois sans tragique ni misérabilisme. Son regard est attentif et bienveillant, sous-tendu par une discrète mélancolie humaniste mais coloré d’une légèreté tragi-comique à l’anglaise. Il peut s’inscrire dans la tradition « humaniste » car il capture souvent un « instant photographique » si cher à Cartier-Bresson. Mais Wilson n’est pas reporter, il détourne le sens du réel au profit d’une charge émotionnelle et esthétique telle qu’elle parvient à émouvoir au plus profond.
Christine OLLIER
Matt Wilson et l'argentique
"Depuis que j'ai découvert les possibilités de la photographie analogique comme forme d'expression artistique, l'étude des techniques de la chambre noire, afin d'explorer pleinement le potentiel du médium dans sa capacité à évoquer et à représenter l'émotion, a exercé une profonde fascination sur moi. C'est devenu une nécessité, sans laquelle la capacité de l'œuvre à converser serait perdue.
Il y a une ambiance qui plane dans l'air pendant que je photographie et qui ne peut être que ressentie. C'est donc avec cette idée en tête que mon expérience des techniques anciennes de chambre noire en couleur et une sélection très spécifique de pellicules jouent un rôle crucial dans la capacité d'une image à séduire.
Mes voyages sont profondément personnels et les images qui accompagnent le souvenir de ces expériences tentent de transmettre l'essence même de l'expérience de quelqu'un ou de quelque chose, et non pas simplement la personne ou le lieu, et c'est dans cet espace, tout comme les palettes des peintures de maîtres anciens, que la sensation de la couleur est si importante.
Pour moi, la photographie est une question de sentiments et la chambre noire, mon terrain de jeu pour une exploration sans limites, détient les clés de la capacité du médium à s'exprimer sans mots."
2022 Hinterland, Galerie Les filles du calvaire, France
2014 Carnets, Galerie Les filles du calvaire, France
Matt Wilson, Maison des arts d’Evreux, France
2012 Small is Infinite, Mois de la Photo, galerie Tagomago, Paris, France
Drive my car, exposition collective, Galerie Tagomago, Paris, France
MadridFoto, galeria Tagomago, Espagne
This place called home, Biennale photographique de Moscou, Russie
Festival photographique Circulation(s), Paris, France
2011 Festival photographique de Phnom-Penh, Cambodge
2010 Exposition Prix Insensé / Mont Blanc, Paris, France
Paris Photo, Galerie Les filles du calvaire, France
2009 This place called home, Space 535 West 25th street, New York, USA
Paris Photo, Galerie Les filles du calvaire, France, France
2005 LANDINGS (commissariat: Ernesto Cavaiano), Susan Inglett Gallery, New York, USA
2002 Matt Wilson, 31 Grand Gallery, New York, USA
PRIX
2007 INTERNATIONAL COLOUR AWARDS - Finaliste
2006 AMERICAN PHOTOGRAPHY 22 - Finaliste
Matt Wilson est représenté par la galerie Les filles du calvaire
Parution 27/10/2014
Collection Hors Collection
Format 250 x 220
Anglais/Français
Relié couverture cartonnée
52 photographies en couleurs
96 pages
ISBN : 978-2-35046-335-3
30,00 €
Commandez