Du 25 septembre au 22 novembre 2025, la galerie Leica accueille une exposition « En conversation : un dialogue photographique entre Thomas Hoepker et Edouard Elias » Elle fait partie des douze expositions produites dans le cadre du centenaire de la photographie Leica, présentées dans 12 galeries Leica sélectionnées parmi les 29 réparties dans le monde entier.
Chaque mois depuis janvier 2025, une exposition est inaugurée dans une galerie Leica, associant un photographe contemporain à un lauréat du Leica Hall of Fame, grande figure de la photographie. Il en résulte la formation de douze duos d’exception dont les œuvres dialoguent, se réfèrent l'une à l'autre et sont une source d'inspiration pour tous.
© Thomas Hoepker und Magnum Photos

L'exposition parisienne présente Thomas Hoepker, lauréat du Leica Hall of Fame en 2022, et Edouard Elias, jeune photographe reconnu pour son travail documentaire sur les crises sociales et humanitaires.
Une sélection d’images de Thomas Hoepker choisies par Edouard Elias répondent aux siennes, provenant de ses archives mais aussi d’un tout récent travail réalisé en Syrie en janvier 2025.
Tout comme Thomas Hoepker, Edouard Elias revendique une photographie humaniste et témoigne d’une réalité crue, loin du sensationnel. Des hommes, des femmes, des enfants, victimes de situations géopolitiques désastreuses.
© Thomas Hoepker und Magnum Photos

Thomas Hoepker et moi avons travaillé dans des contextes très différents, mais nous partageons la même exigence de clarté, de distance et une sorte d'attention tranquille à la réalité. J'ai abordé ce dialogue avec beaucoup de respect, en prenant soin de ne pas imiter son travail, mais plutôt de suggérer un sentiment de transmission.
Édouard Elias
Deux thèmes chers à Edouard Elias prédominent dans cette exposition : l’homme et l’histoire des déchirements de l’humanité. Edouard Elias est parti en Syrie en 2012, marqué par une captivité de 11 mois dans les geôles syriennes. Il y retourne en janvier 2025 après la chute du régime de Bachar Al-Assad, pour comprendre les arcanes d’un régime totalitaire. Tout comme Hoepker, l'authenticité et le témoignage visuel sont la constante dans son travail. Pas d'images chocs ; au contraire, les photographies capturent les drames tranquilles de la vie quotidienne. Comme l’image réalisée par Hoepker le 11 septembre 2001, à New York ou celle des enfants jouant sur les décombres de Berlin qu’Edouard Elias aime particulièrement. Il a choisi de travailler en argentique comme son aîné, qui impose plus de lenteur pour raconter la bonne histoire.
Edouard Elias nous ramène des images d’une architecture de la destruction physique et psychologique, de ruines statufiées, totems monstrueux d’une guerre qui n’en finit pas, de victimes qui reprennent un semblant de vie à la recherche de proches disparus.
© Elias Edouard

Photographier en noir et blanc avec un film analogique impose une certaine lenteur, une discipline et une économie, cela change la façon de voir. Cela relie également le travail à une tradition visuelle de la photographie documentaire et de guerre du XXe siècle. À travers cette esthétique, j'ai voulu évoquer la récurrence des catastrophes humaines, du totalitarisme, de la dévastation industrielle, de l'effondrement des sociétés…
Édouard Elias
À propos des artistes

© Arne Wesenberg
A propos de Thomas Hoepker
Thomas Hoepker est né en 1936 à Munich et a d'abord étudié l'archéologie et l'histoire de l'art. En tant que photographe, il a surtout marqué les magazines Geo et Stern. En 1989, il est devenu membre à part entière de l'agence Magnum, dont il a été président de 2003 à 2007. Hoepker vit à New York et Berlin.
Thomas Hoepker s'est toujours considéré avec modestie comme un photographe de commande. Comme quelqu'un qui ne s'intéresse à rien d'autre qu'à la réalité, à la véracité de l'instant. À 14 ans déjà, il expérimentait avec un appareil photo à plaque de verre. À partir de 1959, il a travaillé pour des magazines et des almanachs, a voyagé plusieurs mois à travers les États-Unis pour le magazine Kristall et a réalisé en 1966 son reportage légendaire Champ über Muhammed Ali. À partir de 1964, il a été collaborateur régulier du magazine Stern, dont il a durablement influencé le langage visuel. À la fin des années 1980, il y occupait également le poste de directeur artistique. Avec une composition précise, des images fortes et un sens visuel aigu, Hoepker a marqué le photojournalisme allemand comme peu d'autres. En 1976, il s'installe à New York et devient en 1989 le premier membre allemand de l'agence Magnum. Ses photos sont engagées, sans fard et fidèles à la vérité, mais jamais voyeuristes ou blessantes. Il ne crée pas d'images choquantes, mais dépeint des drames quotidiens silencieux. Sans agitation, subtiles et loin de toute sensationnalisme, elles sont devenues des icônes de la « photographie engagée ». Thomas Hoepker compte ainsi aujourd'hui parmi les grands représentants du photojournalisme humaniste engagé.

© Sebastien Bergeron
A propos d’Edouard Elias
Né en 1991 à Nîmes, Edouard Elias témoigne des crises sociales et humanitaires à travers le monde : guerres, exodes, répression, pauvreté.
Autant préoccupé par le récit recueilli auprès du sujet que par sa perception par le public, il explore tous les procédés lui permettant de créer un lien autre que simplement informatif autour de ses histoires.
Sa photographie évolue, concentrée au départ sur une pratique « news » lors du conflit syrien où il a suivi les différentes offensives rebelles sur le front opposé à l’armée de Bachar El-Assad. Capturé par l’Etat Islamique pendant son quatrième reportage, il sera retenu 11 mois en otage. Il couvre ensuite pour les plus grands médias nationaux différents lieux de crise et de combats, comme une immersion auprès des sauvetages de réfugiés en Méditerranée, la fuite de populations civiles autour du lac Tchad lors des exactions de Boko Haram, l’hôpital du docteur Mukwege, prix Nobel de la paix 2018 en république Démocratique du Congo, les centres éducatifs fermés pour jeunes délinquants en France ou encore dernièrement un travail sur deux tranchées ennemies, face à face, dans le Dombass, à l’est de l’Ukraine.
Son approche se dirige ensuite vers une méthodologie plus lente, où l’intimité avec son sujet créée une pratique immersive de sa photographie, au plus proche des histoires afin de ne pas témoigner seulement d’un contexte mais d’émotions.
Galerie Leica I 26 rue Boissy d’Anglas I 75008 Paris
Ouvert du lundi au samedi de 10 h à 19 h 00
Vernissage le 16 octobre 2025 – 18 h 30
Leica Gallery Paris
26 rue Boissy d'Anglas
75008 PARIS
France
de 10 h 00 à 19 h 00